Clans Shay d’Urkhan

Origines raciales

Les Shay d’Urkhan font partie des groupes qui ont réussi à franchir le détroit d’Isra et à remonter vers le nord sans être repoussés par les Haid. Longtemps isolés de leurs cousins de Verya et soumis à un climat moins clément, ils ont quelque peu décliné : ils sont maintenant d’assez petite taille (environ 1m60 pour les hommes) et moins puissants même s’ils sont toujours aussi résistants. Leur peau est devenue plus claire, mais, au contact des Haid dont ils ont hérité certains des traits, leur chevelure est généralement sombre. Ils ont conservé les chevelures bouclées typiques des Shay, et les hommes sont fréquemment barbus, même si leur barbe est en général moins fournie – ils la taillent souvent très près du menton.

Population

Urkhan est une région tempérée froide, mais en moyenne d’altitude assez basse et les plaines alluviales sont nombreuses. Malgré les risques d’inondation fréquentes, les conditions, plus favorables que de l’autre côté des Monts Etincelants, ont permis l’expansion relative de la population Shay jusqu’à l’arrivée des Lydians… et les prédations récentes des Haids du nord. Au total, environ 250000 Shay vivent en Urkhan. La population était équitablement répartie initialement, puis une lente migration vers le nord s’est produite lorsque les Lydians sont arrivés de Gaalt. Maintenant, la pression des Haids de Magalang fait refluer les Shay vers le sud – ceux qui ne sont pas encore sous le joug, en tout cas.

Structure politique

La société Shay d’Urkhan est à mi-chemin entre le modèle tribal et le modèle féodal, signe des influences contradictoires des voisins Lydians et Haids. En général, les peuplements sont dirigés par un chef (la fonction est héréditaire) qui siège dans une demeure de pierre protégée par une petite muraille de bois – la plupart des fortifications sont de type « motte and bailey », même si les constructions plus élaborées commencent à apparaître dans le sud d’Urkhan où l’influence Lydianne est la plus forte. Ce chef, dans certains cas, s’est engagé dans une alliance durable avec un voisin plus puissant, alliance qui s’est au fil des générations transformée en lien de vassalité, créant les premières pierres de la féodalité. En revanche, il n’y a aucune noblesse unifiant la région (pas de roi, ni même de seigneur suffisamment puissant pour y prétendre), et la menace des voisins amène à douter que cette évolution se produise en temps utile.

Peuplements principaux

Les hameaux sont nombreux en Urkhan, mais tous « dépendent » d’un village protégé par un chef qui a statut seigneurial. Les villages comptent entre cent cinquante et cinq cent habitants en moyenne. Les plus puissants des chefs contrôlent de petites villes qui comptent jusqu’à deux mille habitants. Aucune cité d’importance n’existe dans le nord (la dernière tentative d’établir un centre urbain a abouti au pillage de la cité d’Angeman il y a cent vingt ans par un raid venu de Magalang). Dans le sud, il existe deux cités comptant chacune pratiquement quatre mille habitants, Luredan et Aghamar. Toutes deux sont proches de la zone d’influence de la Ligue de Fer et leurs seigneurs sont de facto dans la sphère d’influence de la Ligue même s’ils sont nominalement indépendants.

Ressources & exportations

Urkhan est une terre relativement fertile et propice à la culture comme à l’élevage, à condition qu’on sache tirer parti des plaines inondables qui abondent dans le nord et le centre de la région. Les Shay ont su s’adapter et pratiquent l’un et l’autre avec un certain bonheur, malgré les dégâts occasionnés par les fréquentes inondations. Ce qu’ils exportent de leurs ressources naturelles (quand il s’agit réellement d’échanges commerciaux) est dirigé presque exclusivement vers la Ligue de Fer, leurs voisins du sud-ouest. Vers cette région partent l’osier, le lin et une variété de riz. Les flancs des Monts Etincelants sont riches en ressources minérales, mais celles d’Urkhan sont plus difficiles à exploiter que les autres, ce qui fait que les exportations sont rares – les Shay minent pour leur propre compte uniquement. La seule exception est l’or, que l’on trouve relativement facilement dans certaines zones du centre d’Urkhan, et qui part généralement vers Isra. On peut noter que les quelques mines du nord d’Urkhan sont exploitées plus intensivement – et qu’une bonne partie du produit de ces mines part vers Magalang.

Principales importations

Les Shay importent certaines choses qu’ils ne peuvent pas avoir chez eux : du coton, de la soie parfois, du sucre de Verya. Les produits de luxe comme les épices ou les parfums ne sont pas entrés dans les mœurs et s’arrêtent en Isra. Ils importent également des objets manufacturés – les forgerons de la Ligue de Fer sont bien meilleurs que ceux d’Urkhan, et pour des choses aussi importante que les armes, la qualité importe, en tout cas pour les seigneurs et leurs fidèles.

Technologie

L’influence des voisins Lydians se fait sentir, mais lentement, comme avec réticence – une réticence double, puisque autant les Shay répugnent à changer leurs traditions, autant les Lydians sont très prudents dès lorsqu’il s’agit de fournir à un autre peuple une technologie nouvelle. Néanmoins, le paysage d’Urkhan est parsemé de moulins (à eau de manière quasi-exclusive) et certaines techniques d’irrigation ont été adaptées, tant pour réguler l’afflux d’eau dans les cultures (certaines plantes, comme le riz, requièrent beaucoup d’eau) que pour limiter les dégâts causés par les inondations fréquentes.

En ce qui concerne l’outillage, les Shay ont un certain retard sur leurs voisins du sud. Ils maîtrisent la forge du fer, mais l’acier est rare et les outils s’usent rapidement, surtout dans un environnement perpétuellement humide et souvent salin. La plupart des outils sont simples et requièrent encore une force musculaire importante (l’importance du bras de levier n’a pas encore été intégrée dans tous les domaines). Les récipients sont généralement en poterie ou en terre cuite, une matière qui se trouve très aisément, qui est plus facile à travailler que le métal et qui coûte moins cher à remplacer. L’osier est également très courant pour transporter des charges à dos d’homme ou de monture.

Arts & architecture

Les arts Shay sont dans une période assez frustre : les arts picturaux plus anciens ont été délaissés comme « vulgaires », mais l’intellectualisation de l’art n’a pas encore fait de percée significative. Les Shay apprécient davantage les œuvres d’art venues de l’étranger que leur propre production, un phénomène relayé par un manque certain d’innovation artistique depuis déjà une longue période. La musique fait encore partie des réjouissances traditionnelles, ainsi que la danse, mais ces arts stagnent, et rien de nouveau ne vient réveiller cette torpeur. Certains pensent que le climat très humide et l’omniprésence des brumes est responsable de cette langueur intellectuelle, mais il est d’autres pays de même nature et l’art n’y est pas si terne.

En ce qui concerne l’architecture, les Shay bâtissent bas et simple, le plus souvent à base de bois, parfois avec de la pierre ou de la brique selon les endroits. Dans les plaines alluviales, le bois est majoritaire : la pierre est difficile à trouver localement. Parfois, la brique remplace le bois, principalement dans le sud et pour les bâtiments importants (le marché, les temples, la maison du chef). Plus près des montagnes, la pierre et le mortier deviennent des éléments de construction majoritaires. Les Shay connaissent le principe de la clé de voûte mais n’ont pas développé l’arche gothique ni le principe des contreforts, ce qui donne à leurs bâtiments une allure ramassée et compacte – une tendance qui se répercute aussi dans les structures militaires, basses et aux murs épais.

Coutumes vestimentaires

Les Shay d’Urkhan utilisent principalement le lin et la laine pour confectionner leurs vêtements : les hommes vont avec une chemise, des braies et un surcot serré par une ceinture de cuir ou de corde. Les femmes portent fréquemment une jupe épaisse, mais utilisent une chemise à peu près similaire à celle des hommes et portent une sorte de poncho par-dessus lorsqu’elles doivent se protéger du froid. Le pays étant généralement humide, tout le monde porte des bottes de peau montant au moins à mi-mollet – les Shay ont développé leur propre technique de fabrication et l’usage des bottes est généralisé, contrairement à la plupart des autres pays où seuls les gens aisés peuvent s’en offrir. Dans la partie nord (la plus humide et la plus froide), la plupart des habitants possèdent au moins un manteau de toile qu’ils graissent, cirent et doublent de laine. Dans le sud, les manteaux ne sont que plus rarement doublés.

Les Shay d’Urkhan utilisent peu la teinture : la plupart du temps, leurs vêtements sont de couleur blanc sale, brun ou gris. Seuls les gens riches peuvent se payer la teinture, et peu d’entre eux le font. Les vêtements contribuent donc à renforcer l’impression triste et grise qui règne en Urkhan – et, accessoirement, offrent naturellement une forme médiocre de camouflage en milieu rural.

Structure militaire

L’organisation militaire d’Urkhan est bâtie autour d’une minorité de guerriers « nobles » (seigneurs et leur famille, ainsi que quelques familles vassales) qui ont fonction héréditaire de combattant, et une majorité de paysans qui forment une levée plus ou moins bien entraînée (selon les habitudes locales). Les guerriers ont une tradition de combat individuel à l’arme de mêlée et utilisent généralement un armement relativement lourd – armure d’écailles de métal avec jambières et casque, bouclier ovale, grande hache, épée lourde ou fléau d’armes. Le défi des chefs est une tradition en Urkhan mais ne règle aucun conflit – il permet seulement d’éliminer parfois un chef avant la bataille, ce qui rend la mêlée qui suit encore plus confuse.

Par opposition, les levées sont beaucoup moins bien équipées : épieu, plastron de cuir et calotte de fer, bouclier rond en bois et hache forment l’essentiel de l’armement. L’arc (court) est parfois utilisé, mais de manière désordonnée – il n’y a pas « d’unités d’archers ». En revanche, nombre d’entre eux connaissent bien la région dans laquelle ils vivent, et, s’ils font de piètres combattants de ligne, ce sont en revanche de bons éclaireurs à l’aise dans le harcèlement.

Monnaie et économie

Les Shay d’Urkhan utilisent la monnaie, bien que le troc reste une alternative couramment pratiquée entre paysans. Le système monétaire est utilisé lors des marchés, par la plupart des artisans, et bien sûr par les riches (seigneurs et leur famille, marchands). Il est fondé sur l’argent et le cuivre, en pièces de deux tailles (une « petite cuivre », une grande qui vaut 5 petites, une « petite argent » qui vaut 5 grandes cuivres, et une « grande argent » qui vaut 4 petites et qui correspond globalement à la pièce d’argent standard trouvée ailleurs). Par ailleurs, des lingots d’or sont battus pour les grosses sommes, et leur valeur standard est de 200 « grandes argent ». Ces lingots ne sont utilisés que pour les échanges commerciaux. Par ailleurs, le sud d’Urkhan est fortement influencé par la Ligue de Fer et les gens acceptent facilement les pièces provenant de cette région, en les sous-évaluant à peine.

Langage

La langue parlée en Urkhan est une évolution radicale du Shay, mâtinée de Lydian et de Haid, et qui est maintenant complètement séparée de ses racines d’origine. Les locaux l’appellent le Hoki, et c’est la seule langue parlée par tous les Shay d’Urkhan. C’est une langue relativement simple dans sa construction et dans sa grammaire – avec, en particulier, une absence notable de temps ou de modes définissant le possible et la condition – et possédant un vocabulaire assez hétéroclite, où les influences des divers langages d’origine est clairement audible dans les sonorités. On pourrait presque dire que le Hoki est un pidgin d’autres langues que les Shay d’Urkhan se sont approprié et ont fait évoluer pour leurs besoins. Il en existe une version écrite, et l’ensemble de signes utilisé est très proche du Velyan –en revanche, la transcription phonétique est très différente.

Les Shay du sud d’Urkhan parlent également souvent le Lydian comme seconde langue. Ceux du nord parlent fréquemment le La-ir, moins par choix et plus par nécessité – les hommes de Magalang exerçant une domination sur les vallées du nord d’Urkhan et prélevant tribut.

Subsistance

L’alimentation est étonnamment variée en Urkhan : venaison, gibier d’eau, volailles, bétail, poisson de rivière ou de mer, une terre fertile favorisant l’agriculture et de grandes rizières font de ce pays une région où l’on mange généralement à sa faim et où le quotidien est relativement varié. La plupart des céréales ne poussent que dans l’extrême sud d’Urkhan, ce qui fait que le pain est en général remplacé par des galettes de riz. La viande est en général plus fréquente chez les seigneurs que chez les paysans, mais aucune loi seigneuriale n’interdisant la chasse, il n’est pas rare d’avoir de la viande ou du poisson chez un paysan au moins deux fois par décade. Le seul manque important concerne les fruits, domaine où seule la cueillette de baies sauvages permet d’agrémenter le quotidien.

Religion

Le système de croyance des Shay d’Urkhan a évolué par rapport à celui de leurs lointains cousins de Verya : l’environnement a favorisé la ré-émergence d’une forme à mi-chemin entre le polythéisme et l’animisme, où les dieux sont nombreux et vénérés dans leur ensemble – sauf lorsqu’on veut accomplir une tâche particulière, auquel cas on s’adresse au dieu qui préside à cette activité. Les prêtres ont un rôle d’intercesseur important dans la vie sociale, même s’ils interviennent peu au quotidien : ce sont eux qui accomplissent les cérémonies de mariage, de passage à l’âge adulte ; ils accompagnent les morts et président aux nombreux festivals lors des jours sacrés.

Un grand nombre des dieux sont des entités sombres et inquiétantes qu’on prie pour les éloigner bien davantage que pour attirer leur attention : les brumes et les marécages sont des lieux de légendes… et de maléfices.